9/03/2006

Les rites de passage

Quand on a pris une distance de sa communauté religieuse, ou de toute religion, comment souligne-t-on les passages importants de la vie ?

Il ne faut pas l’oublier, la vie des croyants est marquée par des célébrations signifiantes : le baptême pour l’accueil dans la communauté, le mariage pour l’officialisation des liens des époux, la confirmation pour la prise en mains de sa foi. Mais quand on a pris une distance, qu’est-ce qu’on fait ?

D’abord, il faut se rappeler que les rites de passages existent indépendamment de toute religion. Le bal de fin d’année (et l’après bal !) des finissants du secondaire en est un exemple. La montre en or offerte par certaines compagnies après tant d’années de service, la fête plus ou moins intime qui célèbre la retraite en sont d’autres. Les religions, souvent, ne font que recycler des fêtes laïques, ou celles d’autres religions !

Alors, hier, nous avons vécu, dans notre famille, un beau rituel de passage. C’était la célébration de l’accueil de Thomas, 6 mois, le fils de Marie-Pascale, notre fille, et de son conjoint Thierry. Nos enfants et petits enfants étaient invités, ainsi que les parents de Thierry et sa sœur Sophie.

On a d’abord porté un toast à Thomas, qui devait trouver qu’il y avait soudainement bien du monde autour de lui ! Puis on s’est assis pour manger. Chacun avait apporté un plat à partager et comme d’habitude quand on fait ça, chacun a dû en rapporter un peu !

On avait planté un arbre devant la maison, « l’arbre de Thomas". Marie-Pascale nous a demandé d’écrire sur un carton un mot pour Thomas, qu’il lira le jour de ses 18 ans. Puis les cartons ont été accrochés dans les branches de l’arbre et les marraines, tantes de l’enfant, ont jeté la dernière pelletée de terre symbolique, pour souligner leur engagement face à Thomas. Puis les cartons ont été recueillis et mis dans une boîte qui a été scellée et qu’on lui remettra à sa majorité.

Commentaire d’un des enfants : « Sa boîte, je pense qu’il ne la trouvera pas bien très belle, quand il aura 18 ans… » On n’a pas tous les mêmes préoccupations !

Monique a réalisé que lorsque Thomas aura atteint l’âge de la majorité, elle aura 79 ans. Et moi 82 ! Serons-nous encore là ? Et dans quel état ? On ne peut savoir.

La vie est une boîte de laquelle on tire chaque matin un carton dont on ignore le contenu. Un bon matin, il n’y a plus de carton. Et c’est nous alors qu’on met dans une boîte !

Et les incroyants, les distants ont besoin d’un rite pour ce passage-là aussi. Mais si je me fie à ce que j’ai vécu hier, il n’y a pas à s’inquiéter. On saura bien inventer une célébration pour ce rituel-là aussi. Hein, Marie-Pascale?

Il me reste à dire comment j’ai été heureux hier. Et j’ai observé une chose : plus je vieillis, plus je me sens en retrait lors des fêtes familiales. C’est comme si les enfants, tout heureux de revoir leurs frères et sœurs, neveux et nièces, préoccupés par l’organisation concrète de la fête, n’avaient plus de place pour leurs parents. Et ce n’est pas triste.

Nous nous effaçons tranquillement et la vie, elle, continue de bouillonner. C’est beau, c’est bon.

2 Comments:

At 9:05 p.m., Blogger Anne said...

Mais ce n'est pas parce qu'on n'a plus de place pour les parents! Voyons donc! Il y a de la place pour tout le monde! Je t'aime!

 
At 9:33 p.m., Blogger Fabien Nadeau said...

Je sais, je sais. C'est juste ce que je perçois. Et c'est probablement moi qui prends discrètement mes distances!

 

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