3/14/2012

Il y a un bon moment que je n'ai pas écrit sur ce blogue. Des fois, c'est parce que je n'ai rien à dire. D'autres fois, c'est que j'en ai trop.

Je suis tombé hier sur un article dans Gawker qui m'a interpellé. J'en ai fait un résumé-adaptation-traduction que je vous livre ci-après. Bonne lecture!

La conscience de l’Amérique hurle!

Croire que le massacre, par un sergent américain, de seize civils afghans est dû à du racisme de fond est compréhensible. Mais ce n’est pas du racisme, c’est de la folie.

On a donné de jolis noms à cette folie : « shell-shock », « battle fatigue », psychose traumatique, « post-traumatic stress disorder », syndrome de stress post-traumatique. Comme s’il suffisait pour le soldat de se reposer un peu, d’attendre que les secousses secondaires s’atténuent peu à peu.

Mais ce n’est pas ce que l’Histoire nous enseigne. Que ce soit la Bible ou Hérodote, ou les sagas scandinaves, la vie militaire est soif de sang, viols de masse, violences démentes en série.

Les mémoires d’anciens Marines américains foisonnent d’histoires de dents en or prélevées au couteau par de bons soldats sur des victimes encore vivantes, de cadavres arrosés d’urine, d’innocentes victimes abattues pour le plaisir sadique de pouvoir leur donner des coups de pieds pendant l’agonie, de civils abattus pour satisfaire à des quotas en vue de reconnaissance ou de bonus.

Il n’y a pas de jolis noms pour ces comportements. Il y en a un seul : folie, démence. On demande aux soldats de tuer. De prendre le risque d’être tué. Cela est affolant. Si on cache la vérité aux soldats, on ne leur rend pas service. Et on vit des conséquences meurtrières.

Ce sergent, avec ses trois missions en Irak, a passé trop de temps au combat, plus que les militaires américains de la 2e Guerre mondiale. À cela s’ajoutent les difficultés particulières du combat en Afghanistan : difficulté de distinguer entre amis et ennemis, difficulté de distinguer entre la haine des Américains suite aux nombreuses bavures de leur présence dans le pays et la violence malicieuse des Talibans. Pas de cible pour répondre aux attaques, pas d’ennemis en uniforme, pas de territoire à conquérir, « nettoyer », défendre.

Au fond, trois choses :

  1. On maintient ce qu’on a.
  2. On est « à la veille » d’atteindre l’objectif de rendre le pays fonctionnel.
  3. On vit dans la foi, on prie pour ne pas être tué.

En fait, la mission en Afghanistan est une opération ratée. Trop de promesses américaines n’ont pas été tenues. Le changement souhaité demanderait un effort acharné que les Américains ne sont pas prêts ni capables de fournir.

Ce massacre par un sergent américain est à la fois imprécis et très spécifique. On voudrait que ce soit dû à un racisme primaire. Ce massacre s’ajoute aussi à de nombreuses autres bavures. Par un soldat épuisé par onze années de combats que les nombreux retours à la maison, que les périodes de congé, que le calme relatif de sa mission n’ont pas empêché de « péter une coche »…

Ce massacre délibéré, mortellement efficace, est le résultat de la déshumanisation, de la folie intrinsèque de la job, qui n’en finit plus de s’éterniser entre une date imprécise pour la fin de la mission et une application imparfaite d’une stratégie mal conçue et mal assumée.

Ça nous frappe en plein dedans, et montre que les ressources et les efforts déployés dans les meilleures intentions mènent inexorablement vers une folie indicible, mais prévisible, qui nous laisse à la fois surpris et honteux.

Mobutu Sese Seko, blogger, fondateur du blogue Et tu, Mr.Destructo, ex-analyste politique pour Vice.com.

Texte pris dans Gawker : http://gawker.com/5892864/madness-the-afghan-massacre-is-historys-dial-tone

Traduit, résumé, adapté par Fabien Nadeau

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