12/25/2007

La course à obstacles

Nous aimions les rencontres hebdomadaires du Mouvement des Cursillos. Elles consistaient en général en une eucharistie, avec beaucoup de chant et un partage « aux tables » en petits groupes sur l’évangile, suivi d’un témoignage. Théoriquement, chacun aurait dû tirer une leçon de l’évangile, prendre une résolution, et accepter de s’évaluer la semaine suivante sur son action. Mais cette partie a la plupart du temps été négligée.

L’animation variait beaucoup, parce qu’elle était la responsabilité de personnes différentes à chaque semaine. Et le partage aux tables permettait d’exprimer ses émotions. Mais, avouons-le, ça n’allait pas très loin. Pour nous, en tout cas.

Se rendre à Victoriaville toutes les semaines, vivre à plein la rencontre, suivie la plupart du temps d’une rencontre plus intime au restaurant, revenir vers 1 ou 2 h du matin, payer la gardienne, la reconduire chez elle, dormir une courte nuit, aller travailler le lendemain… C’est quand même un peu exigeant pour un jeune couple. Nous ne cheminerons que quelques mois dans cette communauté.

La Famille Bethléem

J’enseignais à Sorel, et mon directeur, devenu depuis mon ami, me faisait parfois des « avances ».

— Vous semblez vivre quelque chose, ta femme et toi, faudrait qu’on se voie.

Je disais à Monique en revenant à la maison : « Mon directeur semble m’offrir son amitié sur un plateau d’argent, mais il me semble que ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer. » J’avais d’impression d’être un enfant à qui un autre enfant demande : « Veux-tu être mon ami? »

Une bonne fois, il se fit plus précis. « Ma femme et moi, nous connaissons un prêtre formidable, l’Abbé Gilles.qui voudrait fonder une petite communauté de style nouveau. J’ai invité un couple et si vous vouliez vous joindre à nous, nous pourrions avoir une rencontre, tel soir. »

J’ai accepté tout de suite. L’abbé Gilles nous exposa son idée d’une communauté religieuse dont les membres continueraient à vivre chacun dans son milieu. Le membership serait très diversifié, comptant des laïcs mariés ou célibataires, des religieux et religieuses, des prêtres.

Nous ne nous en rendions pas compte, Monique et moi, mais nous assistions à une réunion de fondation d’une expérience unique, la Famille Bethléem. Notre vie n’allait plus jamais être la même.

Au début, nous nous rencontrions environ une fois par mois, pour un week-end de vie communautaire. C’était original, quand même : des familles avec de jeunes enfants, des étudiants qui se préparent à être prêtres, des célibataires plus ou moins jeunes, des religieuses, venant de partout dans le diocèse.

Notre prêtre gourou travaillait tard, et certains sacrements de la pénitence pouvaient se terminer vers les 2 h du matin. Et nous, nos enfants nous réveillaient tôt. Alors, quel plaisir vers 10 h, de donner des chaudrons aux enfants avec des cuillers de bois pour faire la parade et réveiller les lève-tard! Ils ne nous ont pas toujours trouvés drôles, mais tout était vécu dans un esprit familial serein. Les vengeances n’étaient jamais méchantes.

Les années passent, les valeurs de notre communauté se précisent, et Monique et moi en venons à prononcer des vœux d’accueil, d’esprit de famille, de pauvreté-partage, de prière et de joie. C’était quand même quelque chose!

C’était tellement quelque chose que j’ai quitté mon emploi à Sorel pour venir m’installer avec ma famille à St-Liboire, où notre communauté avait acheté une maison. « Quitte ton pays, dit la Bible, va dans le pays que je te montrerai… »

Mais dans toute communauté humaine, fût-elle religieuse, il y a de l’hommerie. Des conflits de personnalité, des conflits de leadership, des conflits de valeurs ont eu raison de la Famille Bethléem. Et avant de faire le « ménage », et d’accepter que nous y prenions part, l’évêque de St-Hyacinthe nous demande de choisir de partir ou de rester. Comme il n’y avait pas de garantie quant à l’avenir, nous avons choisi, la mort dans l’âme, de partir.

La communauté existe encore. On n’en entend pas beaucoup parler, mais ce n’est peut-être pas nécessaire. Nous aurions préféré qu’on en parle moins, « dans le temps », et qu’on en vive plus profondément les valeurs. Le deuil de cette partie de notre recherche religieuse m’habite encore. Je suis encore triste de n’avoir pu pousser plus loin notre expérience communautaire.

Que retenir de cette expérience de la Famille Bethléem? Nous aimons la vie communautaire. Nous nous engageons profondément. Par exemple, quand on s’est rendu compte que les enfants grandissants devenaient un obstacle à la formation et à la célébration, Monique et moi avons volontairement renoncé à cette partie de la vie communautaire pour garder les enfants chez nous et essayer de leur faire un bout de chemin. Nous avons donné de notre temps, de notre argent pour la communauté. Quelqu’un nous demandait un jour combien nous avions perdu dans l’aventure Bethléem. J’ai répondu spontanément que nous n’avions rien perdu, nous avions tout donné.

L’expérience a été formidable pour nous et nous avons gardé des liens d’amitié avec certains des membres de la communauté. Mais il fallait partir… La vie est un pèlerinage. Et Bethléem a été une étape où nous avons dans la vérité essayé de vivre nos convictions religieuses. Et c’est cette vérité qui nous a amenés à quitter.

Une anecdote, centrale dans mon cheminement. J’ai déjà dit qu’il y avait toutes sortes de personnes dans la communauté. L’une d’entre elles était une dame séparée, blessée par la vie, avec un langage pas plus distingué que cela. Je l’aimais bien. Je la respectais dans son originalité, et sa vérité.

Or voici que cette dame tombe enceinte d’une aventure d’un soir. Et qu’à la suite de sa faute, notre gourou de prêtre la met à la porte de la communauté sous le fallacieux prétexte qu’elle n’avait jamais suivi les étapes officielles de l’accueil dans la communauté. Autrement dit, elle a cheminé pendant quelques années avec nous, mais maintenant qu’elle faisait scandale, dehors!

Je me suis levé, et j’ai dit qu’on parle d’accueil, d’esprit de famille, et qu’on met ma sœur dehors. Qu’est-ce qu’on attend de moi, donc?

Le plus étonnant, je monte à la chapelle avec quelques amis et quelqu’un ouvre la bible au hasard, nous sommes presque des charismatiques, n’est-ce pas? Je ne suis pas trop à l’aise avec ce procédé qui réquisitionne l’Esprit-Saint! Mais il reste que le message trouvé tombe drôlement à pic. Voyez!

« 1 A l'ange de l'assemblée qui est à Éphèse, écris: Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d'or:
2 Je connais tes oeuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs;
3 et tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t'es pas lassé;
4 mais j'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour.
5 Souviens-toi donc d'où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières oeuvres; autrement, je viens à toi et j'ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes. » Ayoye !

Mais rien n’arrive sans raison. Nous étions trop centrés sur nous-mêmes. Notre communauté drainait toutes nos énergies, et parfois, même notre portefeuille! Il fallait passer à autre chose.

Le Mouvement des Cursillos, phase 2

Et pourquoi pas, revenir en arrière. Avant l’expérience de la Famille Bethléem, j’avais voulu parrainer mon directeur, Paul-Émile, pour le mouvement des Cursillos.Un jour, il m’appelle pour me dire qu’Andrée, son épouse, est en train de faire son week-end de cursillo et nous demande si nous ne voudrions pas lui faire la surprise d’assister à la célébration de l’impact. J’étais déçu de ne pas avoir su qu’ils allaient faire le week-end, mais il nous faisait plaisir de leur faire plaisir!

Nous y avons rencontré les responsables de la communauté locale à St-Hyacinthe, et quelques jours plus tard, nous nous joignions à eux pour leurs rencontres hebdomadaires. Nous avons tout de suite pris une place importante dans notre nouvelle communauté, et quelques mois plus tard, nous faisions partie du comité des responsables. Monique et moi sommes des créateurs au plan animation, alors c’est la responsabilité de l’animation qui nous est impartie.

On peut dire en rétrospective que les rencontres cursillistes sont trop centrées sur la liturgie, mais c’est une liturgie très libre, qui laisse place à beaucoup d’invention, d’expérimentation. Nous avons beaucoup aimé ce travail, qui n’en était pas un, en fait. C’était une passion.

Mais ça n’était pas toujours facile. L’hommerie, toujours. Le comité diocésain décide à un moment donné de scinder le territoire de deux communautés pour en former une troisième. Est arrivé ce qu’on peut deviner : chaque « demi-communauté » voulait qu’un des couples membres de « sa » partie du territoire devienne responsable de la communauté. Petite magouille, petit malaise, ce sont les plus naïfs qui sont élus, Monique et moi. L’autre couple « en lice » prendra prétexte d’une différence d’opinion pour se retirer par la suite. Hommerie…

Je ne dis pas qu’ils étaient les seuls en faute. Non, l’hommerie est en faute.

Plus tard, nous faisons partie de l’équipe d’un week-end de Cursillo, puis nous travaillons avec le Père Georges M., à « monter » un week-end d’aggiornamento, sorte de retraite de rafraîchissement (ou réchauffement!) pour « vieux » cursillistes. Créativité, recherche, liturgie : nous étions dans notre élément.

Enfin, une recherche majeure a changé notre vie. On me demande de faire partie d’un comité de recherche qui avait pour mandat de « refonder » le Cursillo sur ses bases originelles. Long travail : il fallait d’abord trouver dans les textes l’intention du fondateur, puis créer une école de formation pour faire avancer les cursillistes. Quelles belles rencontres nous avons eues! Quel beau cheminement spirituel et humain.

Nous avons découvert que les valeurs fondamentales du Cursillo (prière, étude, action) s’articulaient autour des valeurs de l’action catholique, finalement : voir, juger, agir. Voir, observer, être conscient. Juger, discerner, choisir. Agir. Ah, la pierre d’achoppement! Agir, que c’est donc difficile! Ça aussi, c’est humain. Peur du risque, de l’effort… Peur de se tromper, aussi.

C’est un peu comme en politique : quand arrive un problème important, on fait une commission d’étude. Et les recommandations d’action se ramassent souvent sur les tablettes!!!

D’autant plus que l’idée originale du Cursillo passait par les petits groupes. Quelques amis autour de la table qui scrutent leur vie, puis cherchent dans l’Évangile un éclairage. On jugeait ça trop dangereux. On avait peur que les gens cessent d’aller à la rencontre hebdomadaire, qu’ils cessent d’aller à la messe en paroisse. Quel désastre ce serait!

Quand est venu le temps de créer l’école de formation, on me demande de la prendre en charge. Imaginez la déception de notre responsable de comité, Claude, qui s’était donné corps et âme à ce projet, et qui avait vraiment de goût de brasser la cage. Il s’est senti trahi. Je n’avais rien fait pour devenir responsable, je suis plutôt du genre à fuir les responsabilités. Mais on m’avait choisi. Et j’avais dit oui.

Ce n’était pas une très bonne idée. Je suis trop naïf, trop accommodant. Depuis le début, on nous avait assigné un prêtre pour nous accompagner. Un bon bonhomme, mais un prêtre…L’école de formation a pris la couleur du Cursillo que nous voulions réformer. Beaucoup de formation, beaucoup de liturgie, mais peu d’action. Ce n’était pas carrément mauvais, mais ça n’allait pas assez loin.

J’ai l’intuition que la présence d’un prêtre, fût-il un bon gars, a tout gâché. On s’est retrouvé avec des messes à célébrer, donc à préparer, le sacrement du pardon, etc. Et ce que j’écris maintenant me fait comprendre pourquoi les curés responsables de plusieurs paroisses sont appelés dans notre diocèse des modérateurs. Pas animateurs de pastorale, modérateurs! Éteignoirs…

Incapable de mettre le doigt sur le bobo, à l’époque, mal à l’aise avec la direction qu’avait prise l’école de formation, je donne ma démission.Et je prends mes distances du Cursillo.

Monique et moi avons été invités au 10e anniversaire de notre ancienne communauté, il y a une couple d’années. Nous y sommes allés, mais nous y avons trouvé le même genre d’animation, une vie communautaire qui nous a paru fade. Rien n’avait changé. Ça peut paraître rassurant pour certains. Pas pour nous.

Avec le recul, je ne renie pas ce que nous avons vécu au Cursillo. La vie communautaire, la créativité dans l’animation. Mais c’est une étape passée, à laquelle nous ne pourrions pas revenir. Le Cursillo bouffait toutes nos énergies, il ne restait plus rien pour la société… et nos familles!

D’une communauté à l’autre

Alors même que nous cheminions avec la Famile Bethléem, nous avions pris contact avec le mouvement charismatique. Et un bon soir, nous nous retrouvons, un groupe de Bethléem, à une soirée charismatique dans une église de Sorel. Il faut dire que nous y étions allés plus par curiosité que par recherche spirituelle. Par contre, quand nous sommes allés nous faire imposer les mains, j’ai pris la démarche au sérieux. Quand nos amis nous ont demandé, avec un sourire mi-moqueur, si on avait « senti » quelque chose, je leur ai répondu que moi, j’étais convaincu d’avoir reçu ce dont j’avais besoin.

Nous avons suivi quelques formations, de diverses personnes qui avaient le « charisme » de l’enseignement. J’avais de la difficulté à entrer dans le « parler en langues ». Et à la clôture d’un congrès charismatique, alors que les prêtres et certains laïcs possédant le charisme de guérison essayaient de faire marcher des personnes habituellement confinées à leur chaise roulante, j’ai trouvé l’expérience carrément pénible…

Par contre, j’ai vécu quelque chose là. Les gens faisaient la file devant un prêtre charismatique qui tenait une bible à la main et donnait supposément un « message » aux fidèles qui était allés le voir. Devant moi, une religieuse avec des airs de grande dame se fait dire : « Le Seigneur te dit que ce n’est pas de ta richesse qu’il a besoin, mais de ta pauvreté ». La pauvre sœur en a eu les jambes sciées! Et à moi, il a dit : « Tu vaux bien plus que tu penses… » Ça m’a donné un choc, tout de même. Quelle intuition!

Nous avons cheminé un bout de temps dans un groupe de prière, et j’y ai pris une certaine place comme animateur. J’y suscitais même de l’admiration. Une bonne dame me disait un jour : « Ah Monsieur Nadeau, quand vous priez, vous avez l’air d’un saint ». Ça m’a bloqué net, car je savais, moi, le pécheur que j’étais. Et je trouvais trop facile d’impressionner…

Et quand j’ai eu pris une distance de la religion, et que ma mère s’inquiétait, disant qu’elle avait peur que je joigne une quelconque secte, je lui ai répondu, à moitié à la blague : « Il n’y a pas de danger que je joigne une secte, Maman. Le vrai danger, c’est que j’en fonde une! »

Que retenir de cette époque « charismatique » de notre vie? Trop de folklore, trop de magie, trop de sensationnel. Nous avons voulu y croire, nous n’y avons jamais cru vraiment, même si des fois, comme l’épisode relaté à la fin de notre cheminement bethléemien, c’était surprenant.

Un peu dans la même ligne, à des antipodes, toutefois, nous avons « fait » les exercices de saint Ignace. À deux reprises, notre animateur du premier groupe ayant déclaré forfait après un an de cheminement. Ce sont des exercices, des « efforts » pour conformer sa vie à la volonté de Dieu. Pour moi, c’est demeuré à l’état d’exercices. J’ai fait mon possible, sans y croire vraiment. Mais j’y ai appris beaucoup sur moi-même. On avait, par exemple, un exercice où on devait choisir des images significatives et partager avec les autres. Je me souviens d’une image que j’avais choisie, celle d’un moine rondouillet qui humait l’arôme d’une coupe de vin. Cette image disait le côté contemplatif de ma personnalité. Goûter, apprécier, contempler.

Plus tard, c’est devenu un élément fondamental de ma nouvelle spiritualité. Quand les amis viennent manger chez moi et qu’ils s’empiffrent avec la nourriture que je leur sers, je n’ai pas besoin d’un long discours de remerciement : je sais qu’ils apprécient. J’apprécie la vie la vie, et pour moi, ça vaut la plus belle prière d’action de grâces.

Mais je n’ai jamais réussi à entrer dans les exercices, parce qu’ils supposent une « prise en charge » de son cheminement. Et moi, je préfère me laisser guider. Tout en n’étant pas nécessairement facile à guider!!! L’Esprit-Saint a de la misère avec moi! Ou peut-être pas, finalement. On verra bien à la fin, quand tout deviendra clair.

Nous avons parlé du mouvement des Cursillos, centré sur sa liturgie, du mouvement charismatique, un peu trop « flyé » à mon goût. Eh bien, pour être terre à terre, nous avons tâté aussi du mouvement ouvrier. Nous faisions partie d’une coopérative alimentaire, et nous avions partagé avec certains qui étaient plus proches de nous nos déceptions spirituelles et communautaires. Alors quelqu’un me dit qu’ils étaient quelques-uns à se réunir en petite communauté, le dimanche matin, pour chercher dans l’évangile le sens de leur vie.


Nous avons cheminé un bout de temps avec eux, puis dans le mouvement MTC (Mouvement des travailleurs chrétiens), dans mon cas. Nous avons retrouvé la chaleur communautaire que nous vivions à Bethléem, plus la recherche de sens dans l’action qui manquait au Cursillo. Voir, juger, agir… Au Cursillo, on cherche dans l’évangile de la semaine un éclairage pour notre vécu. Au MTC et à la communauté ouvrière, on regarde le fonctionnement de la société, et on cherche quel passage de la bible pourrait jeter une lumière pour notre vécu. C’est une bonne chose, hein?

Mais il y avait un petit côté idéologique qui me heurtait. Par exemple, quelqu’un, lors d’un partage, qui dit qu’il n’est pas capable d’aller communier à la même table que son patron… Ah oui? Dieu prendrait parti entre le patron et l’ouvrier? Pourtant, il les a créés tous les deux, non? Lors de l’évaluation d’un colloque auquel nous avions participé, Monique et moi, je faisais remarquer que les véritables ouvriers étaient en minorité dans le mouvement. Et je surprends sur les lèvres de quelqu’un : « Il n’a pas la grille… » La grille?C’est la « grille » ou l’Évangile qui doit nous guider? Me reviennent en mémoire les mots d’un prêtre à la coopérative alimentaire, alors qu’on proposait d’étaler sur plusieurs semaines le coût de la cotisation annuelle pour certaines personnes démunies. « Nous ne sommes pas ici pour faire la charité. Nous sommes ici pour faire l’expérience d’une façon alternative de vivre en société. » J’y reconnaissais la «grille » en question, à l’action!

Mais le mouvement ouvrier m’a permis de vivre une expérience forte, lorsque Monique et moi avons quitté, déçus de ne pas trouver ce que nous cherchons. On est venus nous voir à la maison, on s’est enquis respectueusement de nos raisons, on nous a présenté quelques arguments, genre : « Quand quelqu’un se casse une jambe dans ton escalier, c’est important pour toi de réparer l’escalier, ou de mettre un plâtre sur la jambe. » J’ai dû avouer que j’étais un spécialiste du plâtrage de jambes! Mais je me suis senti libre, respecté.

Je pourrais aussi parler des cours de théologie que j’ai suivis à l’Université de Montréal et que j’ai adorés. Évidemment, un certificat ne mène pas loin, mais j’ai pu quand même prendre contact avec la méthode historico-critique et prendre conscience de la partie légendaire de la bible et de notre religion par la suite.

Ou des sessions d’Incroyance et Foi, destinées à nous rendre plus apte à dialoguer avec les distants. Mais j’étais déjà un distant. Je les voyais venir!
Mais il y a du bon dans tout. Le Père de Reyes nous présentait un modèle quadridimensionnel du fonctionnement de l’être humain, avec les sens pour communiquer avec le cosmos, la parole pour parler aux autres, le dialogue intérieur pour se comprendre soi-même et Jésus-Christ, le Verbe incarné, pour rencontrer Dieu. Mais même si son modèle était brillant, il nous avertissait qu’il n’était pas un idéal. Qu’une personne n’avait pas à développer simultanément et au même niveau chacune des dimensions. C’était un modèle théorique, qui sert d’instrument de comparaison pour mieux se comprendre. J’ai eu l’intuition à ce moment-là que le Jésus de l’Évangile était lui-même un modèle théorique qui permet par comparaison de savoir où nous en sommes.

Mini-conclusion

Je ne sais pas quand c’est arrivé. Mais à un moment donné, j’ai eu la même illumination que lorsque j’avais découvert au Cursillo que tout était vrai. J’ai eu l’intuition que rien n’était vrai. Que tout est vanité, comme dit le prophète. Ou peut-être pas. C’est à suivre!

J’ espère que vous avez pu vous faire une idée de ce que nous avons vécu, à partir des paragraphes qui précèdent. En me relisant, je crois voir une toile impressionniste, où les contours sont plutôt flous… Faudra s’en reparler. Suite au prochain épisode

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1 Comments:

At 8:56 p.m., Anonymous Anonyme said...

Bonjour Fabien ,jai souvenir de toi dans le mouvement scout â Samson Cordeau dans les annéea 80
Peut -etre te souviens tu de nous
Robert Des-Ormeaux et Yolande

 

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