2/01/2008

L’avenir du monde, ici, maintenant

Une de mes nièces, qui attend un bébé, est indécise : couches jetables ou couches lavables? Elle en a parlé sur son blogue. Et dans les commentaires qui ont suivi, il y a de tout. Pauvre Isabelle : son blogue est devenu un forum où s’affrontent des valeurs opposées. Qu’en penser?

Je suis un homme, je suis un baby-boomer, à première vue, je n’ai rien à dire sur ce « problème de femme » et de jeune… Mais attention! D’abord, ce n’est pas qu’un problème « de femme » : ces messieurs, quand ils ont accepté de mettre la main à la pâte, ont vite découvert qu’il leur fallait aussi se mettre les mains dans la merde! Et puis j’ai des enfants, des petits-enfants. L’avenir de la planète me concerne!

J’ai l’impression que l’avenir du monde se joue ici, maintenant. C’est étonnant. Autour de cette adorable jeune personne, dans la cour de ce beau jeune couple, une partie d’échecs avec d’incommensurables effets est en train de se jouer.

Je suis né pendant la guerre. Dans le village de mon enfance, il n’y avait pas d’électricité. Le moulin à scie fonctionnait encore avec l’eau du barrage. Puis, tout a déboulé. L’électricité est arrivée vers la fin des années 40 avec l’électrification rurale et la télé quelques années plus tard. Laveuse à tordeur, puis eau chaude à volonté. Cuisinière électrique. Sécheuse. Télé couleur. Ordinateur, four à micro-ondes, etc. Quel progrès!

Quelle facilitation de la tâche des femmes. Bouteille et biberon, couches jetables... Mais nous avions oublié quelque chose. Si l’utilisation de bouteille et du biberon permettait à quelqu’un d’autre de nourrir le bébé, Bébé, lui s’ennuyait du contact avec le corps de sa mère. Et l’on a eu toute une génération (ou deux!) d’obsédés du sein, hein, les gars?

Changer bébé devenait facile. On ramassait le tout, on mettait ça à la poubelle, on lavait les foufounes et l’on mettait une nouvelle couche. Les couches coûtaient cher? Bof, l’économie allait bien, les salaires suivaient le rythme, les femmes libérées sont allées sur le marché du travail, on avait le moyen de se payer les couches, voyons! Quitte à laisser Bébé mariner une heure ou deux dans son pipi…

Les environnementalistes, ces empêcheurs de danser en rond sans souci, ont commencé à jeter des cris d’alarme. Une couche jetable prend 500 ans avant de se décomposer. Nous jetons dans la nature des millions de couches de plastique qui seront encore là dans 15 générations. S’il y a encore des humains sur terre dans 15 générations!!!

Bien sûr, il y a d’autres sortes de pollutions, certaines sans doute encore plus pernicieuses. Notre corps absorbe chaque jour des produits chimiques variés à des doses infinitésimales, et nous n’avons pas terminé d’en mesurer les effets.

Il faut qu’on se réveille. Même quand on est un baby-boomer endormi dans son confort comme moi.

Mais pour une jeune mère, dans le cas des couches jetables, le choix me paraît bien simple. Ou elle se facilite la tâche, comme nous le faisons depuis 60 ans, et c’est bien compréhensible ou elle pense à l’avenir de son bébé et de ses petits-enfants éventuels.

Je lisais dernièrement un proverbe autochtone qui disait qu’avant de prendre une décision importante, il fallait voir son impact sur les sept prochaines générations.

N’attendons pas que les compagnies arrêtent de polluer, elles n’arrêteront jamais. N’attendons pas que les voisins recyclent, ils ne le feront jamais tous. Commençons dans notre cour.

C’est ici, maintenant, que se joue l’avenir du monde. Et de nos enfants, ne l’oublions pas.