1/12/2008

La philosophie et Dieu

Le Devoir, depuis un bon moment, présente une série de textes d’opinion sous le titre Mon devoir de philo. Il invite les philosophes à prouver que la philosophie a sa place dans le curriculum des étudiants à cause de sa capacité de les aider à réfléchir sur des problèmes modernes.

Jean Grondin, dans l’article d’aujourd’hui (http://www.ledevoir.com/2008/01/12/171506.html), parle d’une question oubliée par les philosophes modernes : la question de Dieu. Il mentionne que le nominalisme de la philosophie moderne l’empêche d’aborder la question de Dieu, puisque Dieu n’est pas du domaine physique observable. Et il nous rappelle que la philosophie ne s’est pas toujours contentée de réfléchir sur l’immédiatement constatable. Autrefois, chez les Grecs entre autres, on faisait la distinction entre l’existence d’un être (partie physique observable) et son essence, ce qu’il est en soi.

Et Grondin mentionne que les Grecs ne réfléchissaient pas sur leur religion, ils ne pouvaient la voir comme existant en dehors d’eux. Plus curieux, il fait observer que le Nouveau Testament et le Coran ne parlent pas de religion. Étonnant.

Et j’adore sa définition de la foi : « La foi désigne plutôt un «se tenir» dans l'évidence de l'essence divine, un «se savoir» enveloppé de sa fidélité, qui n'a rien à voir avec un choix qui serait le nôtre. »


Je la trouve assez loin de la religion merci !

Et ça me confirme dans l’idée que pour remplacer la religion qui nous donne des solutions toutes faites (pas besoin de réfléchir !), il va nous falloir nous mettre à la philosophie. À l’ « amitié de la sagesse ». Ce qui est drôlement plus exigeant.

Libellés : ,

1/02/2008

Refonder sa vie… Ce que je me dis…


Je me rends compte, pour reprendre une image de la Bible, que ma vie était fondée sur du sable. En partie. La religion, c’est du sable.

Ça se passe à peu près comme ceci. Quelqu’un cherche une explication et s’en donne une. « Des fois, moi, je me dis que… » On oublie que le sens profond de cette expression, c’est : « Des fois, moi, je me raconte des histoires… » Puis, il décide que c’est la vérité. Ou quelqu’un décide que c’est la vérité.

Une fois, nous avions je ne sais plus quelle difficulté dans l’organisation d’un groupe de jeunes en pastorale. La question qui se posait était carrément l’existence du groupe. J’interviens et je dis que pour moi, c’était important, que j’investirais, même si le groupe est petit, qu’on ne sait jamais ce qui peut ressortir d’un petit groupe, etc. Le prêtre animateur du groupe s’exclame : « Écoutez ça, c’est important, ça frétille de l’Esprit-Saint, ça! Formidable, merveilleux, vous ne sentez pas ça? »

En réalité, dit de façon plus terre-à-terre, il partageait simplement mon avis. Mais il sentait le besoin de faire agir l’Esprit-Saint pour que notre opinion ait plus de poids. Ça pèse combien, un Esprit-Saint?

Donc, je me dis quelque chose. Puis je découvre que c’est la « vérité ». Il ne me reste qu’à convaincre le plus de gens possible. Plus il y a de gens qui y croient, plus c’est « vrai »!

Enfin, quelqu’un vient mettre de l’ordre là-dedans, organiser le groupe, définir l’amont et l’aval de la vérité, en déterminant de son autorité ce qui est de l’Esprit et ce qui ne l’est pas. C’est parti, mon kiki. On a une secte, un groupe ésotérique, et si on est assez nombreux, et que la réflexion est assez développée, une Église.

Mais au départ, il faut toujours se souvenir des débuts modestes : « Moi, je me dis que… » Moi, je me raconte des histoires. La Bible, n’est-ce pas d’abord l’histoire d’un peuple qui lit son vécu à partir de sa foi. Nous avons gagné, « moi, je me dis que » Dieu est avec nous. Quitte, s’il le faut, avec les meilleures intentions du monde, à réécrire l’histoire!

Je vous dis ça, et je me rends compte que moi aussi, je me raconte des histoires. Mais je ne vous demande pas de les croire. Je vous demande simplement de comparer les histoires que je me raconte avec les histoires que vous vous racontez pour que vos histoires soient plus solides!!!

Je me souviens des commentaires respectueux de mon beau-père quand il nous voyait donner de notre temps (et parfois faire garder nos enfants!) pour l’une ou l’autre des communautés dont nous avons fait partie. Il disait : « Vous avez des enfants, vous avez votre famille, il me semble que vous en avez assez… » Son problème, lui, c’est que personne en autorité n’était là pour dire que ça « frétillait » de l’Esprit-Saint. N’empêche, il avait raison.

L’eucharistie, à ses débuts, semble-t-il, était une réunion d’amis « qui se disaient la même chose » autour d’un repas. Le nombre d’invités devenant plus important, on commença à prendre le repas dans de plus grandes salles. Ça devenait difficile à gérer, on a laissé tomber le repas, et l’on n’a gardé que le biscuit... Tout en ayant de belles réflexions théologiques pour justifier chaque décision, s’assurer que ça venait bien de l’Esprit-Saint… Pauvre Esprit-Saint, ce qu’on lui en a fait endosser, des décisions!!!

On a créé de toutes pièces (en empruntant aux autres religions, bien sûr!) une nouvelle famille, une nouvelle communauté. C’est ce que mon beau-père discernait, sans doute, dans son humble sagesse de travailleur de la terre…

Donc, oubliez pour moi Église et église, religion et communauté religieuse.

Oubliez Dieu? Je ne sais pas. Je veux être de plus en plus lucide, mais en même temps ouvert. Ouvert, pas naïf.

J’aime bien quand les gens utilisent des formules alternatives d’action de grâce, quand ils ne savent pas où leur interlocuteur se situe face à Dieu. « Merci, la Vie! » Moi, je me dis que Dieu est un avatar de la Vie. Sa « personnedivinisation ».

C’est vrai que parfois, on prend conscience que la Vie est bonne pour nous. Ou dure! On est tenté de lui parler. C’est sûr que si je me place à un coin de rue et que je parle à la vie pour lui demander le bonheur, la santé, la prospérité, et peut-être aussi que crève le chien du voisin qui vient faire ses saletés sur mon terrain, je vais avoir l’air fou. Pourtant, on fait ça dans les églises et temples, on ne se sent pas ridicules…

C’est que la vie n’est pas à notre service. N’en déplaise à ceux qui croient que la foi déplace des montagnes… et les numéros de loterie!

La vie, je crois qu’il faut l’accueillir comme une amie. L’écouter. Admirer ce qu’elle nous donne.

La vie a plus à nous donner que nous n’utilisons. C’est à nous de le découvrir, mais ce n’est pas à elle de changer. C’est à moi. Toujours être en état de conversion. « Se tourner vers… »

Ce à quoi je vais continuer d’occuper ma vie.

Libellés : , ,